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LA RÉPONSE DES FORÊTS CANADIENNES AUX SÉCHERESSES

Martina Sanchez-Pinillos, Loïc D'Orangeville, Louis De Grandpré, Yan Boulanger, Phil Comeau, Dan Kneeshaw. July 27, 2020

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Contexte et objectif

De multiples études suggèrent que les sécheresses augmentent à la fois en termes de fréquence et de sévérité à travers le monde, ce qui a pour effet d'augmenter le taux de mortalité des arbres dans les forêts. Malgré la grande inquiétude que peut susciter cette mortalité forestière causée par des périodes sèches, les effets des sécheresses séquentielles de faible intensité dans la forêt boréale ont été largement négligés en raison de leurs impacts négligeables à court terme. Néanmoins, des périodes successives de sécheresse de faible intensité se produisent également dans les régions du Canada où l'humidité est généralement abondante. En ce sens, des chercheurs ont montré au travers d'épidémiologiques qu'une faible exposition chronique à la sécheresse peut avoir des effets sur la santé des arbres qui sont tout aussi délétères qu'une forte exposition de sécheresse à court terme. Malgré le potentiel des espèces d'arbres à longue durée de vie à être exposés à des stress chroniques, tels que des conditions de sécheresses inférieures à la moyenne, aucun travail dans le domaine des sciences forestières n'avait étudié l'effet de l'exposition chronique des arbres à une sécheresse de faible intensité. Ainsi, l'objectif de notre travail est donc d'étudier la réponse des principales essences boréales à des conditions de sécheresse de faible intensité consécutives dans différentes écorégions du Canada.

Approche

Dans notre étude, nous avons utilisé les données de 6 876 parcelles permanentes réparties dans la majeure partie de la zone boréale canadienne afin d'évaluer les effets de sécheresses répétées de faible intensité sur la mortalité forestière. Plus précisément, nous avons comparé l'impact relatif d'années séquentielles sous conditions de sécheresse de faible intensité avec les effets de variables liées à l'intensité des conditions de sécheresse, aux caractéristiques des peuplements et au climat local. Ensuite, nous avons recherché des seuils de mortalité forestière en fonction du nombre d'années entre deux relevés forestiers affectés par des conditions sèches de toute intensité.

Trouvailles

De manière générale, nos résultats ont montré que des sécheresses fréquentes et de faibles intensités avaient des effets plus grands sur la mortalité forestière, comparativement aux effets observés avec une intensité supérieure dans une parcelle. Il semble donc que des conditions sèches séquentielles de faible intensité agissent comme un facteur d'incitation à la mortalité forestière, exacerbée par les caractéristiques des peuplements et les conditions environnementales. Dans l'ensemble, la mortalité des forêts dominées par des conifères tolérants à l'ombre était significativement et positivement liée aux conditions sèches séquentielles de faible intensité, soutenant, dans certains cas, l'existence de seuils délimitant des réponses contrastées à la sécheresse. Dans les mélanges avec des espèces de feuillus, cependant, les conditions sèches séquentielles ont eu un impact négligeable. Les effets de conditions sèches fréquentes sur les forêts intolérantes à l'ombre dépendaient principalement du climat local, incitant ou atténuant la mortalité des forêts situées dans des endroits humides et dominées par des espèces à feuilles larges ou des pins gris, respectivement.

Nos résultats soulignent l'importance d'évaluer non seulement les événements extrêmes d'origine climatique, mais aussi les perturbations répétées de faible intensité.

C'est pourquoi les gestionnaires des forêts devraient tenir compte des effets cumulatifs du changement climatique sur la mortalité afin d'éviter les pénuries de bois et d'habitats.

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